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EXALT Design Lab, un projet inédit de recherche partenariale en design

20 décembre 2017 • Médias du futur

L’école de design Strate, composante de l’institut Carnot Télécom & Société numérique, lance le projet de recherche Exalt Design Lab. Carrefour, EMAKINA, Inprocess, la MAIF et OTIS, partenaires entreprises du projet, ainsi que le Co-Design Lab de Télécom ParisTech et le Centre de Recherche en Gestion de l’École Polytechnique s’engagent pour une durée de quatre ans sur un programme de recherche. Le but est de valoriser le design au sein des entreprises, et de se pencher sur la dimension de l’expérience et la conception de processus, dans une démarche de design global.

« Qu’une école comme Strate, des entreprises et des académiques travaillent ensemble sur la question du design est totalement inédit ! » affirme Frédérique Pain, directrice de l’innovation et de la recherche à Strate. En effet, l’école, qui dispose de son propre laboratoire de recherche en design, StrateResearch, et d’une équipe de quatre enseignantes-chercheuses, fédère autour du projet Exalt Design Lab cinq partenaires industriels (Carrefour, EMAKINA, Inprocess, la MAIF et OTIS), et deux laboratoires académiques (le Co-Design Lab de Télécom ParisTech et le Centre de Recherche en Gestion de l’École Polytechnique). Objectif : travailler sur la création de valeurs par l’expérience, et la valorisation du design en entreprise. Pour cela, chaque partenaire industriel accueillera un doctorant en thèse CIFRE*. Les cinq doctorants travailleront sur la production de modèles théoriques, sur des modélisations de processus et la mise au point d’outils en interne. « L’objectif n’est pas tant de travailler sur un outil numérique concret, mais plutôt sur les enjeux globaux des nouveaux marchés numériques et les nouvelles formes d’organisation de l’entreprise qui en découlent. » explique Frédérique Pain.

Par ailleurs, des workshops seront organisés tout au long du projet. Académiques, entreprises et doctorants travailleront ensemble dans ce laboratoire commun afin de mettre en pratique, de manipuler et de tester les outils mis au point par les doctorants lors de leurs recherches. D’autres workshops feront intervenir des participants extérieurs ponctuels, dans un objectif de diffusion de la question du design en entreprise. Enfin, le séminaire sur la dimension de l’expérience organisé depuis 2015 par StrateResearch viendra compléter la production de connaissances sur ces sujets phares.

L’expérience utilisateur comme objet de design

Thème transversal du projet, la dimension de l’expérience est l’une des spécialités du département de recherche de l’école de design Strate. Le concept est défini académiquement par Ioana Ocnarescu, chercheuse à Strate, comme « une situation extraordinaire qui se déroule au cours du temps et qui modifie une personne de manière unique, consciente et mémorable ». « La dimension de l’expérience s’inscrit dans une démarche de design global, focalisée sur l’expérience de vie de l’utilisateur qui utilise un objet ou un service. » précise Frédérique Pain. Cette recherche se portera également sur la construction d’une relation de confiance entre entreprise et client, et aux leviers qui sont à l’œuvre dans le succès d’une expérience utilisateur.

Le projet a également pour but de travailler sur le design dans les processus de conception au sein des entreprises. « Historiquement, la façon dont on conçoit un produit est dirigée par les métiers de l’ingénierie, différents, mais aussi très complémentaires des métiers du design » affirme Frédérique Pain. Le but est d’optimiser les méthodologies de conception des produits avec une meilleure intégration des designers au sein des équipes.

En intégrant les designers dans les processus de conception et en s’attachant à la création de valeur par le design, Exalt Design Lab cherche ainsi à sensibiliser les entreprises au champ du design, qui est, selon Frédérique Pain, « la discipline nécessaire à l’accompagnement des entreprises dans la société actuelle, fortement impactée par la révolution numérique. »

* Convention industrielle de formation pour la recherche

**Softbank Robotics, All4Tech, Voxler, Spirops, CEA List, Armines – ENSTA ParisTech, Télécom ParisTech, association Approche, Inria, laboratoires LAAS, LIMSI et LIRMM du CNRS, Collège de France, UMPC ISIR, UVSQ LISV et Strate.


Romeo2, le design au service des personnes âgées et handicapées

Romeo, un robot d’assistance aux personnes âgées et handicapées, a été développé dans le cadre du projet Romeo2, financé par BpiFrance et labellisé par Cap Digital. 15 partenaires** ont collaboré à ce projet, dont Télécom Paristech et l’école de design Strate. Les chercheurs en design avaient pour objectif l’élaboration de scénarios d’usage, destinés à être implémentés dans le robot. « Nous avons fait une enquête de terrain, dans les maisons de retraites et les hôpitaux, auprès des patients, pour les observer au quotidien et comprendre leurs besoins » explique Ioana Ocnarescu, chercheuse en design à Strate.

À partir de ce travail sur Romeo, un questionnement plus global sur la robotique d’assistance a été mené : quel dispositif aimerait-on avoir à nos côtés dans une situation de dépendance ? Une forme humanoïde est-elle adaptée ? Les chercheurs ont ainsi proposé un nouveau prototype de robot d’assistance, nommé Anubis. Sa forme est très loin de celle de Romeo : le robot est plus petit, circule sur deux roues, dispose de bras articulés longs et a une tête se rapprochant de celle d’un chien.

En collaboration avec l’association Approche, qui regroupe médecins et ergothérapeutes, les chercheurs ont ensuite mené une étude comparative de Romeo, d’Anubis et Nao, petit robot développé par Softbank Robotics, auprès de 72 personnes en maison de retraite ou en hôpital. Les patients ont ainsi pu exprimer leurs ressentis vis-à-vis du design de ces machines. « Chaque robot avait des atouts et des défauts liés à son design global. Par exemple, les robots de petite taille comme Nao étaient les plus appréciés dans certains types d’interactions. Même s’ils ressemblaient à des jouets pour les patients, ces derniers souhaitaient communiquer avec eux et s’en occuper. » souligne Ioana Ocnarescu. Au-delà de la question de la forme des machines, les chercheurs ont pu également mettre en exergue quels effets la robotique pouvait avoir sur la vie quotidienne des utilisateurs. Au-delà de l’aide pratique que les robots peuvent leur apporter, les personnes interrogées ont souligné le fait que les robots pouvaient avoir un impact positif sur l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et sur leurs relations sociales.

Le test en living-lab du robot Pepper, avec les chercheuses de Strate.

Le test en living-lab du robot Pepper, avec les chercheuses de Strate.

Enfin, l’équipe de chercheurs a travaillé sur un dernier robot, aussi développé par Softbank Robotics, Pepper. « Nous avons construit un living-lab où designers, médecins et ingénieurs ont vécu avec les robots Pepper pendant une semaine. Des scénarios d’usages ont été écrits, à partir des données de terrain récoltées. » explique Ioana Ocnarescu. Les robots ont ensuite fonctionné en autonomie en situation réelle : 24 patients hospitalisés ont chacun accueilli le robot une semaine dans leur chambre. Cette expérience a permis de récolter de nouvelles données actuellement en cours d’analyse sur l’expérience des patients et leur perception à plus long terme des robots d’assistances.

« Cette étude de recherche en design a permis d’ouvrir la discussion avec les patients sur des notions parfois difficiles à exprimer dans les milieux médicalisés : leur quotidien, leurs valeurs, leur dignité… » affirme Ioana Ocnarescu. « Nous n’avons pas tenté d’imaginer ce qu’ils voulaient, nous sommes allés à leur rencontre avec des solutions ouvertes, pour un réel dialogue avec eux. »

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